NORBERT AYISSI : ARCHITECTE DU KARATÉ CAMEROUNAIS
Le Cameroun a la fâcheuse manie réputation de piétiner, d’étouffer ses pionniers, ses LEGENDES. Ce phénomène est hélas récurrent et trouve sa fertilité dans le virus de la prétention et de l’égoïsme, qui sont ancrés en chacun de nous, et propagés dans l’environnement social.
Aujourd’hui nous parlons d’un homme qui représente un MYTHE dans l’histoire de notre Karaté. Il a été champion de France, et ses camarades en équipe nationale de France étaient: Thierry Masci, Jacques Frédéric Tapol, Marc Pyree, Emmanuel Pinda (des DRAGONS!!!!! Et tous en leur temps et catégorie respective, champions du monde).
Il décide d’abréger son séjour en France pour rentrer dans son pays d’origine, a l’effet de contribuer a son développement social et sportif, avec toute la motivation et l’enthousiasme.
Il a été le premier capitaine de l’équipe nationale olympique de Karaté, qui s’est rendue au Caire en Égypte.
Son retour au Cameroun a permis de nous imprégner de la mode de pratique du Karaté mondial et a conséquemment contribué à la progression de notre niveau, ce qui a donné naissance aux « crocodiles » que nous avons connu.
Il avait coutume d’entrer dans la salle du « temple noir », se dirigeait vers la table, et échangeait très brièvement avec le regrette « Mauvais Grain ». Je suis incapable de le localiser après dans la salle, malgré tous les souvenirs. On le voyait juste monter sur le tapis. C’était très facile de savoir que quelque chose de sérieux allait se passer, la salle se remplissait et tout le monde fixait le tapis.
Jusqu’à présent, je ne peux pas cerner ses déplacements, je sais juste qu’il ne reculait jamais.Il avait une technique fétiche: « Ushiro geri», et il le faisait de gauche comme de droite, en attaque comme en défense.
Son kimono était blanc comme la neige, on avait l’impression de se mirer au travers.
Après quelques années de suprématie, il y avait des blocs qui s’étaient formés et plusieurs avaient décidé de lui infliger une défaite; je me souviens une phase de combat où son adversaire était très brutal!!! Et le cravatait à tous les coups, les arbitres laissaient couler, et il avait une façon particulière propre à lui de sortir de la prise, il rotait de côté, et le coup de pied fétiche est parti;
Je me souviens qu’avec lui, les compétitions de Karaté se payaient à l’entrée, et ce pour voir les merveilles de ce grand Frère.
Il a mis TOUT le monde d’accord et au pas!!!. Jusqu’à ce jour, on compte sur le bout des doigts d’une main le nombre de karatékas qui lui ont serré la main.
Au Cameroun nous avons une façon particulière de rabaisser les gens qui sortent de l’ordinaire avec une expression commune » dis donc!!! Laissez-nous Ca!!!! Lui c’est qui? Il mange le feu? » Beaucoup de gens ont essayé de parler de lui en des termes impersonnels, ils n’avaient en réalité rien de négatif à coller à sa personne, la réalité étant que chacun voulait se sentir proche de lui.
En vérité, il venait en compétition tapait TOUT le monde et repartait, votre protocole de remise de médailles et consort n’était pas sa tasse de thé. Il ne prenait pas part au cérémonial protocolaire. Il venait prendre part aux compétitions, vous laissant des enseignements et revenait l’année suivante faire la même chose. Et ceci a duré plus d’une décennie.
A l’époque, nous regardions les cassettes vidéos des championnats de France et du monde, c’est comme ça que nous avons connu tous les dragons que le monde du Karaté a révélé, donc quand on voyait Emmanuel Pinda faire les coups de pied notamment Ushiro, l’application technique se passait physiquement devant nous quand le grand Frère maltraitait ses adversaires.
Il ne parlait pas beaucoup en public, il regardait avec un air sévère, sûr de lui, et après, on voyait juste les gestes FORTS!!!!!!
Il ne calculait pas les faux protocoles du Ministère des Sports, son cœur était gros comme la plage de Kribi.
Il envoie la première équipe nationale de Karaté aux championnats du monde en Espagne, il fait venir l’équipe de France pour la première fois au Cameroun en 1991; l’équipe du Cameroun était traitée comme des professionnels, et ce jusqu’aux primes. Enama Enama Simon était le capitaine.
Il a fait venir un expert de rang mondial en la personne de Guy Sauvin alors Directeur technique de l’équipe de France, assisté de Giovanni Tramontini .C’était l’ un des plus grands regroupements du collège des ceintures noires du Cameroun, et des arts martiaux en général.
Grace à lui, L’équipe nationale est allée a des stages internationaux et à la compétition « Keinosuke Enoeda » au Gabon, regroupant 7 sept pays, dont le Gabon, le Tchad, le Sao Tome et Principe, l’Angola,La RCA ,le Nigeria, et le Cameroun. Au stage de préparation, le Cameroun était loge à l’hôtel Parfait Garden à Douala.
Il a fait voyager l’équipe nationale de Karaté au championnat du monde en Afrique du Sud.
J’ai fait trop d’efforts dans ma vie pour égaler les performances de ce très grand Frère en vain, tellement il était d’une très grande dimension.
En 1992, il était cinquième Dan (international hein), et il a porté haut la discipline au Cameroun!!!!! Aujourd’hui, je vois une liste que la fédération a eu le toupet de publier, ou des gens ont été gradés au travers de la nuit, 6eme, 7eme et 8eme Dan…
Toucher à l’intégrité du collège des ceintures noires est un sacrilège qui mérite la pendaison dans un tribunal martial…
Norbert AYISSI a MARQUÉ l’histoire de notre Karaté de façon extrêmement significative, on retiendra:
– Qu’il a été le premier capitaine de l’équipe du Cameroun.
-Qu’il a écrit le programme du développement du Karaté
– Qu’il a été le premier Président de la fédération Camerounaise de Karaté.
Il avait des allures très contemporaines et classiques, il donnait envie et suscitait l’envie d’être Karatéka. J’ai été son premier Vice-Président, et j’ai puisé à mon petit niveau ma dose d’inspiration.
Je me sens très privilégié d’avoir puisé en lui les éléments qui ont orienté mon parcours, que je n’ai malheureusement pas eu assez de force de représenter dans la destinée indiquée.
Merci INFINIMENT!!!! Merci PROFONDÉMENT très cher grand Frère, et très respectueusement grand Maitre!!!!
Que le Seigneur permette au Cameroun de découvrir ses dignes fils aux états généraux du Karaté et à la grande nuit des Arts Martiaux pour un hommage national et bien mérité du vivant de nos LÉGENDES.
William NDONGO