LA PHLEBITE
Contrairement aux simples varices, la phlébite est un problème médical qui peut avoir des conséquences graves lorsqu’elle se complique par la migration d’un caillot sanguin dans les vaisseaux pulmonaires. Des antécédents de phlébite imposent donc de prendre des précautions particulières.
Qu’est-ce qu’une phlébite ?
La phlébite ou thrombose veineuse correspond à la présence d’un caillot sanguin dans une veine. Ce thrombus bloque partiellement ou totalement la circulation sanguine dans la veine. On distingue deux grands types de phlébites : superficielle et profonde.
En fonction du type de veine touchée (profonde ou superficielle), la phlébite sera plus ou moins grave. Si le caillot est superficiel, ce n’est pas très grave. En revanche, si le caillot se forme dans une veine profonde, de gros calibre, un traitement doit être prodigué de toute urgence.
La thrombose superficielle ou para phlébite
Lorsque le thrombus se développe dans une veine superficielle située sous la peau, à partir ou non de varices, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
L’inflammation, la douleur qui en résultent seront le plus souvent soulagées après administration d’un simple traitement anti-inflammatoire et le caillot un peu dur que vous pouvez parfois visualiser et palper sous la peau disparaîtra peu à peu.
La thrombose profonde
En revanche, lorsqu’il se forme dans une veine profonde des jambes, de plus gros calibre, insérée à proximité des artères. Le problème est alors plus sérieux.
Le thrombus peut alors se fragmenter, se détacher de la paroi veineuse, se déplacer dans le torrent circulatoire et atteindre au bout du compte le cœur droit puis les branches des artères pulmonaires. S’il se bloque dans ces dernières (embolie pulmonaire), il pourra alors entraîner de graves complications respiratoires et générales.
Les symptômes de la thrombose veineuse
Les symptômes de la phlébite superficielle
Il arrive que la phlébite superficielle soit asymptomatique. Certain signes peuvent tout de même apparaître :
- La zone est douloureuse, rouge, indurée ;
- La varice apparaît sous forme d’un cordon rouge et chaud.
Les symptômes d’une phlébite profonde
- Douleur au mollet spontanée et/ou à la palpation ;
- Sensation de lourdeur au niveau des jambes ;
- Œdème ;
- Gonflement du mollet ;
- La zone devient bleuâtre/violette ;
- La zone est chaude au toucher ;
- Dilatation des veines superficielles.
Les causes de la thrombose veineuse
C’est grâce au phénomène de coagulation que la formation d’un thrombus a lieu, dans un vaisseau. Cela arrive normalement lors d’une agrégation des plaquettes sanguines au niveau d’une brèche du vaisseau pour le colmater, lors d’une blessure, par exemple. C’est alors un caillot de fibrine qui se forme, pour arrêter l’hémorragie.
En cas de phlébite, c’est le même phénomène qui se met en place, mais sans hémorragie. Puis le thrombus ne se désagrège pas et le risque que le thrombus (ou un fragment) se détache et migre, augmente.
Il existe trois phénomènes favorisant l’apparition d’une phlébite. Ces trois éléments sont appelés triade Virchow. Il s’agit :
- D’une stase veineuse, qui se caractérisée par un sang qui stagne dans la veine (à cause d’un long vol, d’une chirurgie, d’un plâtre…) ;
- Des lésions sur la paroi des vaisseaux, car face à un vaisseau lésé ou inflammé, le phénomène de coagulation a davantage de probabilité de se déclencher et de s’emballer ;
- Et d’une hypercoagulabilité sanguine, c’est à dire une capacité augmentée du sang à coaguler, dans les petits vaisseaux, notamment.
Le diagnostic
En fait, ce sont l’échographie-Doppler, ou plus rarement la phlébographie (une sorte de radiographie des vaisseaux exigeant l’injection de produit de contraste opaque aux rayons X), qui permettent d’affirmer la présence d’un caillot sanguin dans une veine profonde des jambes.
Mis à part le risque d’embolie pulmonaire, la phlébite a d’autres inconvénients lorsqu’elle est négligée ou identifiée trop tardivement. En premier lieu, elle peut récidiver. Or, avec la répétition des phlébites, il arrive que le vaisseau concerné demeure en partie obstrué, d’où l’apparition d’un œdème plus ou moins chronique de la jambe, qui peut s’associer à des troubles cutanés et à des ulcères (maladie post-phlébitique).
Le traitement, une urgence médicale
En cas de phlébite superficielle et profonde, des anticoagulants sont prescrits.
La compression médicale
Le port de bas ou de collants de contention est indispensable que ce soit en cas de phlébite superficielle ou profonde. Ces derniers permettent d’estomper les symptômes de la phlébite et surtout d’éviter les complications. Il est recommandé de les porter pendant au moins trois mois.
La thrombolyse
Moins fréquemment, on vous administrera des médicaments thrombotiques pour dissoudre le caillot ou on pratiquera une intervention chirurgicale, soit pour enlever le thrombus lui-même, soit pour prévenir l’apparition secondaire d’une embolie pulmonaire (ligature des veines ou pose d’un filtre pour empêcher que le thrombus atteigne les poumons).
La pose d’un filtre cave
Seulement recommandée en cas de risque élevé d’embolie pulmonaire, la pose d’un filtre cave pourra être envisagée par le médecin. Il s’agit d’un dispositif métallique que l’on implante dans la veine cave. Ce dernier permet d’éviter la migration d’un caillot vers le cœur et les artères pulmonaires.
Les facteurs de risque
Certaines situations favorisent la survenue d’une phlébite.
- Lorsque le sang stagne dans les veines
- Une immobilisation prolongée (plâtre, alitement, chirurgie) ;
- Une perte d’autonomie (personnes âgées) ;
- Une paralysie ;
- Un long voyage sans bouger les jambes ;
- Une maladie qui gêne le retour veineux vers le cœur : certains cancers, les maladies cardiovasculaires comme l’insuffisance cardiaque.
- Lorsque la capacité de coagulation est déséquilibrée
- Certains traitements (la prise d’œstrogènes, de contraceptifs hormonaux, corticoïdes…) ;
- La grossesse ;
- Le tabagisme ;
- L’obésité ;
- Certaines maladies inflammatoires ou maladies génétiques, des anomalies héréditaires de la coagulation sanguine…
- L’âge : le risque de phlébite est multiplié par 30 entre 30 ans et 80 ans.
Prévention
La discrétion de la phlébite, sa gravité potentielle et sa grande fréquence expliquent que les professionnels de santé tentent de prévenir cette affection.
Si vous avez subi une intervention chirurgicale ou si vous vous êtes fracturé une jambe, vous pourrez ainsi recevoir un traitement anticoagulant à visée préventive ;
En cas d’alitement prolongé ou un accouchement, de plus en plus, les médecins encouragent un lever précoce.
Il est préférable de s’abstenir de prendre la pilule lorsque l’on fume régulièrement.
Si vous avez un risque particulier de phlébite profonde (suite d’opérations, voyage long courrier…), votre médecin pourra juger de l’utilité de vous prescrire.
Les précautions à prendre en cas de long voyage
Si vous prenez l’avion ou la voiture pendant plus de 6 heures, il est important de protéger vos jambes, surtout chez les personnes à risque ou avec antécédents de phlébite profonde.
Privilégiez les vêtements larges et confortables ;
Portez des chaussettes, des bas ou un collant de contention élastique ;
Bougez les pieds très souvent, faites des mouvements de flexion-extension des chevilles, ne croisez pas les jambes et marchez régulièrement ;
Buvez abondamment ;
Évitez les somnifères qui vous plongeraient dans un sommeil lourd pendant plusieurs heures, l’immobilité augmenterait la stase veineuse.
Dr Corinne Tutin
Médecin et journaliste santé