L’HARMONIE DES COULEURS
Qu’est-ce que l’harmonie des couleurs dans une œuvre si ce n’est l’équilibre qui se crée par résonance à l’intérieur du regardeur ? Si l’on parle aujourd’hui de l’harmonie des couleurs, je parlerais des harmonies des couleurs. En effet, je ne conçois pas l’unicité globalisante dans ma fonction de créatif, ni dans ma pratique picturale. Car, je pense que, tout comme pour les « couleurs-espaces » qui font œuvres, le fameux « vivre ensemble » que sous-tend la notion d’harmonie, quel que soit son domaine d’application, résulte de la compréhension des couleurs et de leurs interactions, de leurs relations, de leurs différences et de leurs ressemblances.
Comprendre et parler de « l’harmonie » des couleurs, c’est, dans ma pratique en tout cas, donner à chacun la possibilité de rentrer en résonance avec la « couleurs-espaces », l’œuvre, qui lui est donnée à voir. Et, de cette résonance nait un équilibre ou pas, propre à chacun. Trouver l’équilibre pour tous dans la même « couleurs-espaces », reviendrait à entendre l’équilibre de chacun, en faire la somme et non la synthèse, et d’en accepter le chaos apparent. Je dis bien apparent, car, je pense qu’il n’y a de chaos dans le multiple que s’il y a impossibilité pour nos sens, et par extension, notre intellect, d’en distinguer chaque nuance. L’Harmonie des couleurs, serait, à mon sens, l’universalité de l’œuvre, dans la mesure où cette «couleurs-espaces », qui est l’essence d’une somme d’existences dans la relation, est un cheminement du tout pour créer un ensemble équilibré du dire. L’universel dont je parle ici, n’est pas dans le sens, dans la signification de la « couleurs-espaces» créée, mais dans l’émotion de la rencontre lors de sa réception par le regardeur. Cette émotion qui est vibratoire, résonance primaire même, mais universelle, car tout le monde ressent les couleurs. Elles nous attirent, nous repoussent nous interrogent, mais ne nous laissent pas indifférents, car elles suscitent même le désintéressement. L’harmonie résiderait donc dans le respect des relations, des échanges, des contrastes, des valeurs, des tons et des mélanges. Autant de notions qui s’appliqueraient à notre existence, c’est-à-dire à notre réalité sociale dans les usages humains de la vie de tous les jours. Les couleurs sont la vie et je les dessine sur la toile tendue pour emmener tout un chacun à s’interroger à son tour sur la vie, sur sa vie. L’harmonie trouve son essence dans la « couleur-surface » qui fait sens pour celui qui la vit, la reçoit et l’accueille. Car, qu’est-ce que l’harmonie des couleurs dans une œuvre si ce n’est l’équilibre qui se crée par résonance à l’intérieur du regardeur ? Je serais tenté de dire que définir c’est finir, mais je reste persuadé que notre humanité sensible saura résister à notre volonté de tout contenir, tout est une question de choix.
Goodÿ – Gilles EUGENE, Artiste auteur. Extrait de la réunion/ débat sur l’harmonie des couleurs, thème du CFC à l’occasion des journées internationales de la couleur. N’hésitez pas à m’interroger par mail: ggodyart.gp@gmail.com, je vous répondrai au fur et à mesure