VOUS AVEZ DIT OLD STARS…

Un patriarche, tout bedonnant, dont le timbre de la voix est unique, rend visite d’une manière curieuse à des cousins trapus et poilus. Indifférents à la présence encombrante de ces quatre hominidés dits civilisés, ces arboricoles frugivores et granivores, depuis les temps immémoriaux jusqu’à nos jours, n’ont jamais porté des poils fluorescents.

Ce guide touristique si singulier, ancien tout Président des Old Stars dont certains membres n’ont jamais été des stars dont les bonnes manières taisent les noms, était pendant sa présidence un curieux dictateur.

La ritournelle crue comme je vais t’enfermer flottait sans cesse sur ses lèvres. Car avec ce dictateur « nyembusien » , pour un oui ou pour un nom, tout joueur même le plus emblématique comme le colosse d’ Enangana Polo était souvent menacé. La porte d’un gnouf n’était jamais loin. Les anneaux métalliques reliés par une chaîne, servant à entraver les louches d’un grand bandit  somnolaient toujours dans l’une des poches de son pantalon de  « moriba » ou sur la ceinture. Bibi et Mesmin jouaient la peur au ventre ; le dur, l’immense Gigi, redoutable arrière fixe n’avait que dalle des menaces « bidons » de César Nyembus Ioannes Baptista. D’ailleurs quand il lançait quelques œillades brutes épicées d’un sourire un peu carnassier, le beau-frère de Bette-le-Sorcier reculait…et déversait son dévolu sur le manager-joueur Kandjel des Old Stars. Couz, le champion d’Afrique qui venait d’arriver, toujours accompagné de binôme Hortie et Mimi pendant les matchs, n’osait jamais porter le maillot de cette Institution qui drainait des foules d’admirateurs et d’envieux. Il avait peur de ce Président-là, qui à ses heures de joie, était un redoutable narrateur et animateur bon enfant. Mais les « oldstariens » sauf Gigi étaient toujours sur leurs gardes. Car ses sautes-d ‘humeurs et ses colères étaient imprévisibles.* Et les menottes et les  » je vais t’enfermer’ et les « allô alouettes, les allô hiboux venez me prendre cet individu  » planaient, rôdaient. Même Hortie et Mimi, leurs deux célèbres mascottes étaient parfois menacées d’expulsion du groupe. Tout simplement parce que Mimi riait beaucoup et Donna Summer portait toujours des jupes et des robes suggestives.

Quelque deux années plus tard, avant que son mandat s’épuisât, sous les bénédictions de Polo Ekoubi,  Ioannes Baptista Nyembus fut victime d’un « coup d’État ».

Le très regretté Martin Aristide Léopold Okouda et le seul et unique champion d’Afrique Couz prirent la Présidence et le Capitanat des Old-Stars.

Quatre mois plus tard, ces deux curieux personnages furent chassés pour désinvolture et absence impénitente et injustifiée.

La célèbre institution « oldstarienne » était dans la tourmente. Tout allait à hue et à dia. Les suppôts du Roi Petto  s’en donnaient à cœur joie. Il fallait un nouveau Président. Certains buissonniers réclamaient le retour du dictateur Nyembus.

Les durs du groupe menés  par le truculent opticien Polo, amateur de la bonne chair fraîche et mielleuse, imposèrent le dandy Efoua Mbozo, Secrétaire général de l’Assemblée nationale, pygmalion de la talentueuse Crescence Django . L’affable professeur émérite d’Histoire, l’insaisissable pointeur à trois points, finit son mandat dans la sérénité, serti de plusieurs succès.

L’érudit historien parti, le célèbre Opticien, encore lui, imposa le traducteur- interprète attitré du nonagénaire Nnomgui. Une dictature subtile s’installa.

Les élections n’existaient plus. Les couscous gombo, les atchomos de maïs, les haricots rouges et autres ignames-bitosso et les grands crus classés (de la cave Paul-Mesmin) d’ Oyomabang avaient corrompu les caciques du Groupe. Toute tentative de soulèvement était tout de suite matée par ces armes-là… surtout l’incontournable destructeur couscous avec la sauce gluante  » grand-mère ».

Et Old-Stars tomba dans le coma abyssal et mourut.

Le Fils d’Emilienne