L’archipel du Cap-Vert entre nature et société
Localisé aux alentours de 500 km de la côte sénégalaise en Afrique de l’Ouest, l’archipel du Cap-Vert est composé de 10 îles et de divers ilots. Ils sont d’origine volcanique avec des reliefs vigoureux, conservant encore de nombreuses traces de la géologie volcanique dans la structure et géomorphologie.
La superficie totale de l’archipel est de 4 033 km2, cependant les dimensions des îles sont variables : 991 km2 pour l’île de Santiago et 35 km2 pour l’île de Santa Luzia. Les dimensions des ilots sont aussi variables de 2 km2 à des petites pointes rocheuses dans les proximités des îles.

La position géostratégique de l’archipel dans la trajectoire de la navigation permit aussi bien le passage et l’acclimatation de la flore et de la faune, que la coexistence des peuples et des cultures, à la fois d’origine européenne et africaine, qui délaissèrent les techniques agraires de même que divers éléments de la culture matérielle et immatérielle qui constituèrent les fondements de la culture émergente créole.

Les îles du Cap-Vert sont essentiellement d’origine volcanique ; leur histoire naturelle s’inscrit dans le processus géologique de l’ouverture de l’océan Atlantique ainsi que dans la formation des îles proches du continent africain, notamment l’archipel des Canaries. En effet, les îles se sont toutes formées, par un volcanisme de « point chaud » sur le fond marin, à proximité de la plateforme africaine.

Les toutes premières manifestations volcaniques remontent à l’Ère Secondaire, période durant laquelle l’expulsion de laves a ramené du calcaire, à la surface, tel qu’on a pu l’observer sur l’île de Maio, située dans le groupe oriental de l’archipel.
L’histoire de l’archipel
L’Archipel est passé par divers cycles économiques vécus par « l’Atlantique » après l’expansion européenne, et plus particulièrement après la révolution industrielle. Les cycles économiques ont eu un impact significatif sur le système d’utilisation des terres comme aussi sur les cultures dominantes ; cependant, la navigation est bien restée d’actualité tant sur le plan des transports maritimes que sur le plan des transports aériens tels que connus aujourd’hui.
L’archipel a achevé son indépendance en 1975 et est devenu dès lors l’actuelle République du Cap-Vert. L’insularité de son territoire, à laquelle s’ajoute la sécheresse des terres, constituent les grands défis naturels qui fragilisent davantage l’archipel. Cependant, grâce à sa position géostratégique, le tourisme émergeant ainsi que les prestations de services sont devenus des points importants pour la survie du pays.

La localisation de l’archipel au niveau de la navigation atlantique a joué un rôle important en tant que point de passage et d’expérimentation des plantes et animaux circulant entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. Ainsi, en complément des plantes alimentaires mentionnées ci-dessus, la flore des îles a été bien enrichie par l’entrée d’autres plantes destinées à l’industrie, des arbres fruitiers et des adventices.
La faune terrestre a subi un démarrage similaire, encore que la faune primitive était dominée par des insectes, des oiseaux, des chauves-souris et par de petits reptiles. La présence humaine a bien entendu été porteuse d’animaux domestiques et invasifs, essentiellement en provenance de la Péninsule Ibérique, de l’Amérique et de l’Afrique Occidentale.

La localisation des îles dans le prolongement océanique de la zone sahélienne maintient une grande sécheresse climatique ; cependant, le relief volcanique, surtout dans les îles montagneuses, offre une diversité de micro climats variant en altitude mais aussi en fonction de l’exposition aux vents dominants. De ce fait, les îles montagneuses présentent un degré de pluviosité orographique encore plus important avec des nuages en hauteur affectant les flancs de ces montagnes en fonction de l’influence du vent. En plus de cela, l’existence d’épaisses couches d’écoulement basaltique constitue des endroits privilégiés d’accumulation d’eaux souterraines alimentant des petites rivières, surtout pendant les périodes humides.
Les tout premiers habitants étaient majoritairement de sexe masculin, attirés par des terres tropicales lointaines, raison pour laquelle très rapidement, les métissages se sont multipliés, nés d’un homme blanc avec des femmes noires. Les « métis », aussi appelés « les blancs du terroir », ont aussi très rapidement revendiqué leurs droits, surtout en raison du déclin des commerces et par le départ progressif des « Reignols » qui ont perdu leurs intérêts dans les îles une fois que le Portugal n’a plus eu son monopole commercial sur la côte africaine, du fait de la concurrence des français et des anglais qui s´installaient dans la région.

La colonisation du Cap-Vert est survenue dans la période médiévale tardive, mais avec une tradition religieuse chrétienne très accentuée. Il apparaît que les esclaves arrivant sur les îles ont été soumis au processus d’apprentissage rudimentaire de la langue portugaise à l’origine du créole, en même temps qu’ils étaient catéchisés et baptisés.
Dès la fin du XVIIIe siècle, la langue portugaise a été très vite remplacée par la langue créole, issue de la langue maternelle, manifestant ainsi la forte envie de la population des îles de maintenir leur langue maternelle au quotidien et aux yeux de l’extérieur.

Cependant, les noirs en provenance du continent voisin, avec différentes cultures et langues distinctes, n’ont pas pu reconstituer leurs groupes d’origine dans l’espace des îles, raison pour laquelle la langue naissante est devenue le meilleur moyen de communication aussi bien pour les Européens que pour les esclaves africains et hommes libres.
Actuellement le tourisme et les nombreuses prestations de services liés principalement à la navigation aérienne et maritime, auxquelles s’ajoute la formation intensive des cadres cap-verdiens, constituent des bases fermes et soutenables pour ce petit archipel au confluent de trois continents.
José Maria Semedo
Journals.openedition.org