FELIX SABAL-LECCO

Un nom qui fleure bon l’Afrique et le Cameroun qui l’ont vu naître, et qui demeure la meilleure explication à son jeu absolument phénoménal, mélange de grooves tribaux, funk, salsa ou hip-hop. Le rythme, chez les Sabal-Lecco, c’est une affaire de famille puisque Félix et son frère Armand (l’un des tous meilleurs bassistes au monde) avaient déjà commencé à se faire connaître en France dans les années 80 avec leur groupe Xalam.

Depuis, Félix a su prendre les bons virages en s’affichant aux côtés de stars aussi prestigieuses que Sting, Peter Gabriel, Paul Simon, Herbie Hancock lors de tournées internationales, mais aussi France Gall, Michel Jonasz, Alan Stivell…

Mais en bon insatiable de travail qu’il est, parallèlement à son métier d’accompagnateur, il développe une carrière personnelle de compositeur, arrangeur, interprète, aussi bien pour des musiques de film (« L’Enfant-Lion » de Patrick Grand-Perret) que sous son nom (CD en préparation).

Attendez-vous au pire, entre son humour dévastateur, son attitude très relax, ses jongleries spectaculaires intervenant toujours au moment où on les attend le moins, ses pas de danse derrière la batterie (observez bien son pied gauche pendant la démo!) et ses rythmes de dingue… Même les canadiens et les américains n’ont pas pu résister lors de son incroyable prestation au « Montreal Drumfest », l’un des plus grands festivals de batterie au monde où il a reçu un « standing ovation ».

Sans aucun doute l’un des démonstrateurs batterie les plus talentueux et impressionnants, toutes générations confondues! On ne le dit pas assez, mais la maîtrise de ce rythmicien hors-pair a séduit des artistes aussi divers que Manu Dibango, Peter Gabriel, Sting, Herbie Hancock, Paul Simon Salif Keita, Lenny Kravitz, Jeff Beck, Jowee Omicil ou Jonas Hellborg et même… Prince !

Qu’importe les différences culturelles, ce sont les échanges musicaux et la camaraderie qui décident de son investissement artistique. Jouer dans la cour des grands n’est cependant pas un exercice facile. Il faut persévérer et ne jamais oublier les années de vache maigre. Félix Sabal-Lecco a connu ces moments de doute et de déséquilibre social qui fragilisent le statut d’artiste.

Il aura fallu la clairvoyance d’un illustre chef d’orchestre pour que la destinée de Félix Sabal-Lecco s’accélère. Au cœur des années 80, Manu Dibango recherchait des musiciens pour assurer une prestation radiophonique à Paris. Il proposa à Félix et à son frère, Armand (bassiste), de l’accompagner sur les ondes de France Inter. En quelques heures, les deux jeunes apprentis devinrent la nouvelle section rythmique du saxophoniste camerounais. Ce fut la première étape d’une épopée prestigieuse qui propulsa Félix Sabal-Lecco sur les scènes internationales. En tournée avec son chaperon, il eut le privilège de croiser la route de véritables stars et de saisir l’opportunité de se confronter à leur univers musical.

Le chanteur Paul Simon, en pleine quête afro-créative, fit par exemple le pari de réenregistrer les ébauches de son album « The Rhythm of the Saints de 1990 » en découvrant les prouesses percussives de Félix Sabal-Lecco qui devenait, sans vraiment s’en rendre compte, un musicien très sollicité quitte à mettre de côté ses propres projets. On le sait moins, mais Félix chante aussi ! Il a même imaginé des adaptations de mélodies françaises célèbres pour un futur album dont on attend la parution depuis bien trop longtemps. De Bécaud à Aznavour, en passant par Jacques Dutronc, une quarantaine de titres revus et magnifiés par l’audacieux batteur n’attendait plus que l’impulsion d’un label pour voir le jour.

Par : Joe Farmer Rfi.fr