PORNOGRAPHIE ENDÉMIQUE : UNE AFFAIRE ESSENTIELLEMENT PÉNALE ET ÉDUCATIVE
La plupart de ceux qui ont bénéficié d’une éducation jésuite comprendront aisément la position sur les représentations de la sexualité de certains adeptes du Prêtre basque-espagnol Ignace de Loyola (1491-1556), à l’instar de Ludovic Lado, qui s’insurge courageusement contre la « banalisation de la pornographie » en Afrique.
En effet, selon le religieux camerounais précité, aguerri aux revendications à caractère politique, « La banalisation des contenus pornographiques est un défi à la fois éthique et sociétal. Nous n’éviterons pas longtemps l’épineuse question de savoir comment ce phénomène va modifier les comportements sexuels en Afrique contemporaine ».
MONDE ÉVOLUTIF ET COMPLEXE
J’appartiens modérément au camp affinitaire des Jésuites, plutôt minoritaire à robe courte, sans engagement ecclésiastique, considérant simplement inaccessible la vertu rigide en toutes choses élastiques d’un monde inexorablement évolutif et manifestement complexe.
Sous l’angle épidémiologique, la pornographie est un enjeu de santé publique, notamment en termes de dépendances comportementales et de conséquences pathologiques sur le cerveau au fil du temps sourd qui passe : onanisme morbide, névrose érotique, anhédonie, zoophilie, éphébophilie, pédophilie, etc. Dans certains cas sévères, il en résulte ce qui est désormais qualifié de « porno-criminalité ».
Bien que la perception juridique de la « porno-criminalité », dont font partie les « nudes », ne soit pas universelle, mais différente d’un pays à l’autre, la législation gagne à définir les formes punissables et leurs peines différenciées pour la prévention de la délinquance, en particulier face aux représentations à caractère sexuel avec des enfants, des animaux et des actes de violence sur autrui.
Sur le plan théologique, la doctrine n’est pas épuisable, car elle consiste souvent à s’analyser et à s’interroger anxieusement, de multiples manières, sur ce qui entoure les attitudes problématiques à l’égard de la sexualité. Le risque est cependant de vouloir substituer la contemplation de soi-même à la contemplation du divin.
ENCADREMENT PÉNAL ET PÉDAGOGIQUE
Il en résulte que nous devons atténuer assidûment notre propension orgueilleuse à voir la planète comme une énorme cage, dans laquelle le labeur de l’intelligence ordinaire et le principe de la vie psychique seraient puissants ou omniprésents, à la faveur régulière d’une appréciation éthique ou morale prédéfinie.
À l’heure qu’il est, nous sommes incapables d’éteindre la pornographie illégale incrustée dans la société ou exposée sur internet, en y portant uniquement un regard d’inquisition ou de perquisition. Hélas, il n’y a guère d’asile spécifique où traquer les déviances et les perversions répandues de la jouissance endémique !
À quoi servirait d’ailleurs, dans ces conditions tenaces et désordonnées, une tartufferie éventuellement habillée d’oripeaux politico-religieux au détriment de mesures pédagogiques continûment revisitables dès la tendre enfance ?
À mon humble avis, l’évolution non maîtrisée des mœurs impose un encadrement pénal et une adaptation incrémentale des forces éducatives de l’esprit et du progrès, laïques ou religieuses, dûment préparées contre les manifestations criminelles de la volupté !
Par le Pr.Alain Boutat
Épidémiologiste,
Économiste et Politiste
Lausanne
MEDIAPART – PARIS
MER. 23 JUIN 2021 Alain