DE LA MARGINALITE A L’INFLUENCE : COMMENT LA DIASPORA CAMEROUNAISE PEUT TRANSFORMER LE CAMEROUN

« La diaspora camerounaise, estimée à environ 5 millions de personnes réparties à travers le monde, constitue une force stratégique capable d’influencer les transformations sociales, politiques et économiques du Cameroun. Pourtant, sa mobilisation politique demeure limitée, en partie à cause d’un faible taux de participation électorale, un manque de coordination et une méfiance persistante envers les institutions locales. »

En exploitant pleinement son potentiel, cette communauté peut devenir un levier de développement économique, notamment par des investissements collectifs dans l’immobilier, l’industrie et l’innovation.

Une meilleure influence institutionnelle permettrait de redéfinir les priorités nationales et de contribuer durablement à la refondation des institutions politiques du pays. »

Introduction : Contexte et enjeux.

En 2022, les transferts de fonds émis par cette diaspora ont été estimés à plus de 1,5 milliard de dollars USD (source : Banque Mondiale).

Ces contributions servent essentiellement au soutien familial et à des projets individuels, mais leur impact sur le développement national reste marginal faute de coordination.

Sur le plan politique, bien que la diaspora ait joué un rôle significatif dans des plaidoyers pour les droits humains, ses initiatives manquent de cohérence et d’organisation collective, ce qui limite son influence.

Selon le politologue camerounais Achille Mbembe, « La diaspora représente une force vive, mais elle est encore sous-utilisée à cause de divisions internes et de la méfiance envers les institutions ».

Ce paradoxe persiste dans un contexte politique où le président Paul Biya, après 42 ans au pouvoir, semble préparer une candidature supplémentaire pour l’élection présidentielle de 2025.

Face à cette échéance cruciale, la diaspora camerounaise peut-elle encore manquer ce rendez-vous avec l’histoire ?

  1. Rôle et potentiel de la Diaspora camerounaise.
  2. Contributions actuelles.
  • Économiques : Les transferts de fonds annuels de la diaspora camerounaise s’élèvent à plus de 7 % du PIB national, selon la Banque Mondiale. Ces fonds servent principalement à soutenir les familles, financer des projets immobiliers et parfois des activités entrepreneuriales.

Cependant, selon l’économiste Célestin Monga, « l’impact de ces transferts pourrait être multiplié s’ils étaient structurés dans des projets collectifs ».

  • Socio-culturelles : La diaspora contribue à la promotion culturelle et au transfert de savoir-faire. Par exemple, des associations comme « Cameroon Professional Society » organisent des formations pour soutenir les jeunes talents locaux.
  • Politiques : Certaines personnalités issues de la diaspora, telles que Christian Penda Ekoka de son vivant, ont tenté de jouer un rôle dans la transformation politique, mais ces efforts sont restés isolés.

Selon l’analyste politique Hans De Marie Heungoup, « La diaspora pourrait devenir un acteur majeur si elle adoptait une stratégie commune et durable ».

Malheureusement, cette Diaspora, extraction du pays en tout point de vue, est aussi traversée par les mêmes maux tels que l’égoïsme, l’individualisme, le tribalisme etc…

  1. Potentiel inexploitable.

La diaspora regorge de compétences diversifiées dans des domaines stratégiques comme l’enseignement supérieur, les technologies, et les énergies renouvelables.

Cependant, son potentiel reste sous-utilisé.

Selon une étude de l’UNESCO, moins de 10 % des universités camerounaises bénéficient d’échanges académiques réguliers avec des experts de la diaspora.

Une meilleure organisation pourrait transformer ce potentiel en levier de développement durable.

  1. Obstacles à la mobilisation de la Diaspora.
  2. Absence de coordination.

La diaspora camerounaise est fragmentée en différents groupes communautaires, ethniques et politiques.

Selon un rapport de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), cette fragmentation limite la création de plateformes unitaires.

Les tentatives de coordination, comme la « Confédération des Associations Camerounaises de l’Extérieur », restent encore trop faibles pour mobiliser massivement.

  1. Manque de confiance dans les institutions.

Le scepticisme envers les institutions camerounaises est profond en raison de la corruption et la mauvaise gouvernance. Ce manque de confiance freine les investissements directs de la diaspora et limite son engagement dans les processus politiques.

Selon une enquête menée par Transparency International, 85 % des membres de la diaspora considèrent la corruption comme le principal frein à leur engagement au pays.

  1. Faible participation politique.

La diaspora n’utilise pas pleinement les mécanismes de vote à l’étranger. Les chiffres de l’élection présidentielle de 2018 montrent que moins de 2 % des Camerounais de l’étranger ont voté.

Ce faible taux est lié à un manque d’inscription sur les listes électorales et à des obstacles logistiques.

  1. Difficultés organisationnelles.

Le manque de structures officielles et d’équipements pour mobiliser la diaspora complique la mise en œuvre de projets stratégiques.

Selon un responsable de « Diaspora Invest », « il n’existe pas assez d’incitations pour encourager des investissements collectifs ».

III. Mobilisation politique : Stratégies à Court, Moyen et Long Terme.

  1. À court terme.
  • Inscription massive sur les listes électorales : La diaspora doit profiter de l’ouverture des listes électorales, une opportunité qui se fermera en août 2025.

Des campagnes de sensibilisation, notamment via les réseaux sociaux, doivent être menées.

  • Campagnes de sensibilisation : Créer des initiatives pour informer les membres de la diaspora sur leur pouvoir électoral et les encourager à s’impliquer.

L’association « Diaspora for Change » a initié un projet de communication en ce sens, visant à toucher plus de 500 000 Camerounais d’ici à juin 2025.

  1. À moyen terme.
  • Lobbying : Structurer un groupe de pression capable de porter les revendications de la diaspora auprès des gouvernants camerounais et des institutions internationales.

Par exemple, l’expérience de la diaspora nigériane aux États-Unis montre comment un lobby efficace peut influencer les politiques locales et internationales.

  • Plateformes de dialogue : Créer une plateforme en ligne d’échanges directs entre la diaspora et les autorités locales. La startup « Bridge Cameroon » propose une telle solution technologique.
  1. À long terme.
  • Institutionnalisation : Intégrer la diaspora dans des structures officielles comme un « Conseil National de la Diaspora Camerounaise ».
  • Refonte des institutions : Contribuer à une transformation des structures de gouvernance pour plus de transparence et d’équité. Plaidoyer pour des réformes qui incluent une meilleure représentation des Camerounais de l’étranger (parlement, ministères).
  1. Participation au développement multisectoriel.
  2. Industrie et Immobilier.
  • Investissements collectifs : Selon un rapport de la Banque Africaine de Développement, la diaspora pourrait mobiliser jusqu’à 2 milliards USD annuellement pour des projets industriels.

La création de fonds d’investissement spécifiques à la diaspora pour financer des projets industriels et immobiliers, permettrait d’y contribuer notamment lors des émissions obligataires ou bonnes du trésor sur le marché financier.

  • Partenariats public-privé : Collaboration avec les entreprises locales pour des projets d’infrastructure.
  1. Santé et Enseignement.
  • Télémédecine : Utiliser les technologies pour améliorer l’accès aux soins dans les zones reculées. Des initiatives comme « Doctors Without Borders Cameroon » exploitent déjà cette approche.
  • Programmes d’échange : Faciliter les échanges entre universités locales et internationales. Partage organisée des compétences des membres de la Diaspora à distance ou localement lors de leur séjour au pays. Pour cela, une base de données de cette Diaspora s’impose.
  1. Innovation et Recherche.
  • Hubs technologiques : Soutenir la création de centres d’innovation pour booster l’économie locale. Le Cameroun pourrait suivre l’exemple du « Silicon Savannah » au Kenya.
  • Financement de la recherche : Encourager les Camerounais de l’étranger à investir dans des projets de recherche appliquée.
  1. Recommandations pour une mobilisation efficace.
  • Création d’un cadre stratégique national : Une stratégie coordonnée par le gouvernement pour engager la diaspora dans des projets de développement.
  • Promotion du leadership et partenariats : Identifier et soutenir des leaders capables de fédérer la diaspora.
  • Partenariats solides : Renforcer les collaborations entre les organisations de la diaspora et les institutions camerounaises.
  • Utilisation de la technologie : Créer des applications et plateformes pour faciliter la communication et l’engagement. Il en est de même d’une base de données relationnelle permettant de recenser cette Diaspora, par pays, compétences et autres.

Conclusion :

Une Diaspora unie pour un Cameroun plus fort.

La diaspora

@Adrien Macaire Lemdja

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