LA VOIX DE LA PAIX ET DU DIALOGUE S’ETEINT A 81 ANS, LE JOUR DE SON ANNIVERSAIRE : HOMMAGE A DAVID ABOUEM A TCHOYI « ATSODA »

Le Cameroun pleure la disparition d’un de ses fils les plus éminents, le Ministre David Abouem à Tchoyi. Ancien gouverneur des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ancien Secrétaire Général à la Présidence de la République, ancien ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et membre actif de la Commission pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme, il a été un véritable pilier dans la quête de paix, d’unité et de développement pour le pays.

David Abouem à Tchoyi : Une vie dédiée à la nation et à l’harmonie et Une perte immense pour le Cameroun.

Doté d’une immense culture et d’une sagesse reconnue, il représentait un pont entre tradition et modernité, une bibliothèque vivante qui nous quitte, laissant derrière lui un héritage inestimable.

Il avait conservé le même régime alimentaire de son enfance de famille modeste, preuve si besoin de son attachement non seulement à son terroir mbamois mais aussi à sa famille nucléaire et à ses origines.

Son parcours : Une carrière au service de l’État et du peuple.

Né le 15 janvier 1944 à Kiiki, avec une passion pour le service public et bénéficiaire de l’ascenseur social disparu de nos jours, David Abouem à Tchoyi, après des études brillantes à l’ENAM et l’IIAP de Paris, a gravi les échelons de l’administration avec un sens inébranlable du devoir.

Son passage comme gouverneur des provinces du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a marqué ces régions, alors qu’il œuvrait pour rapprocher les populations et promouvoir l’harmonie entre les diverses communautés.

À la tête de la sous-commission sur la décentralisation lors du Grand Dialogue National, il a contribué à l’élaboration de solutions concrètes pour répondre aux aspirations des populations du NOSO (Nord-Ouest et Sud-Ouest), tout en prônant la décentralisation comme pilier d’une gouvernance inclusive.

Sa carrière au sein de la Présidence et son rôle de conseiller au sein du cabinet Agora Consulting témoignent de son expertise sur des sujets complexes, notamment la crise anglophone.

Il a su écouter, analyser et proposer des solutions pragmatiques, convaincu que « tout dialogue repose sur le compromis et le renoncement ».

Ses actes marquants : Bâtisseur d’unité et de compréhension.

Parmi ses réalisations, plusieurs restent gravées dans la mémoire collective :

• L’introduction d’un statut spécial pour les régions anglophones, saluée comme une reconnaissance des spécificités culturelles et institutionnelles de ces régions.
• La promotion du bilinguisme au travers de son implication dans la Commission nationale pour le bilinguisme, rappelant l’importance de deux langues officielles d’égale valeur.
• Son engagement pour le dialogue : Il prônait un esprit d’ouverture et de compromis, plaidant pour une résolution pacifique et durable des conflits, notamment à travers la participation des leaders séparatistes à des discussions constructives.
• La mise en avant des problématiques de gouvernance : Sa critique de l’hypercentralisation et sa vision pour une décentralisation effective ont éclairé les décideurs sur les réformes nécessaires.

Son héritage : Une leçon de courage et de vision.

David Abouem à Tchoyi nous laisse un héritage inestimable. Son engagement pour la paix, son combat pour une gouvernance inclusive, et son amour pour la culture et les traditions camerounaises inspireront des générations futures.

En ces temps de crise, sa voix sage et mesurée nous rappelle que seule la concertation sincère, basée sur le respect mutuel et l’écoute, peut garantir une nation stable et prospère.

Sa contribution ne se limite pas au domaine institutionnel ; il fut un mentor, un guide pour de nombreuses personnes, le mien aussi, dont j’ai eu la chance de bénéficier des conseils avisés dans le cadre familial.

Son humanité, sa simplicité et son érudition faisaient de lui un homme accessible et admiré.

Il quitte la scène, à 81 ans, de façon impromptue, 4 ans après le départ de son épouse, presqu’un an, jour pour jour, après la disparition d’une autre grande élite de ce département, Jean-Pierre Kedi, ancien directeur de l’ARSEL.

Un message de condoléances et d’espérance.

À sa famille, aux populations du Mbam, et à tous les Camerounais, nous adressons nos condoléances les plus sincères.

Alors que nous faisons le deuil de cette grande figure, rappelons-nous que ses idéaux vivent en chacun de nous.

David Abouem à Tchoyi n’est pas parti ; il reste dans nos mémoires, dans nos cœurs et dans l’histoire de cette nation qu’il a servie avec dévouement.

Que son exemple continue d’inspirer ceux qui œuvrent pour un Cameroun réconcilié, juste et uni.

Ses propos dans une interview à un journaliste d’un journal panafricain, en juillet 2020, résonnent encore dans ma tête :

« Ecoutons tous les enfants de la patrie, sans préjugés, comme l’a demandé le Président de la République dans son message à la Nation le 31 décembre 2016.

Offrons à tous nos compatriotes des cadres de discussion et de concertation, pour aborder nos problèmes sans parti pris, et les résoudre avec sincérité, dans la vérité.

Ce qui est en cours avec les avocats et les enseignants va dans la bonne direction.

Mais ne nous limitons pas au traitement de ce qui ne constitue que des manifestations, voire de simples symptômes.

Abordons, dans toute sa complexité et toute sa profondeur, le problème anglophone.

Avec courage et détermination, apportons-y des solutions satisfaisantes et convaincantes.

Tous les citoyens de notre pays en bénéficieront. Pour la paix dans la justice. Pour le bien de la nation.

Pour le salut de la patrie ».

 

@Adrien Macaire Lemdja