HOMMAGE A SUZANNE KALA LOBE SUZANNE KALA-LOBE: UNE VIE DEDIEE AU JOURNALISME ET A L’ENGAGEMENT POLITIQUE.
Auteur : @Adrien Macaire Lemdja
Le monde des médias camerounais est en deuil suite au décès de Suzanne Kala Lobé, survenu dans la nuit du 31 juillet au 1er août 2024. Âgée de 71 ans, cette figure emblématique du journalisme a laissé un héritage inestimable, marquant l’histoire de la presse au Cameroun par son engagement et son professionnalisme.
Née le 16 janvier 1953 à Douala, Suzanne Bema Kala Lobé est la fille de Sara Beboi Kutta Kala-Lobè et Iwiyè Kala-Lobè, lui-même journaliste et fondateur de la prestigieuse revue Présence Africaine. Suzanne fait partie d’une fratrie de huit enfants et passe son enfance au Cameroun avant de partir en France à l’âge de 10 ans pour poursuivre ses études.
Un parcours académique brillant.
En France, Suzanne poursuit des études brillantes. Elle obtient un doctorat en linguistique en 1976 à l’université Paris-III, puis un MBA en management culturel en 1989. Toujours avide de connaissances, elle décroche également un DEA en science politique en 1997 à l’université de Bordeaux. Ces qualifications témoignent de son intellect impressionnant et de sa soif d’apprendre.
Le début d’une carrière journalistique.
C’est en hommage à son père qu’elle se tourne vers le journalisme. En 1992, Suzanne commence sa carrière à La Nouvelle Expression, où elle se fait rapidement remarquer grâce à sa chronique « Ma candidate serait une femme », publiée pendant l’élection présidentielle camerounaise. Sa plume incisive et son analyse politique perspicace captivent l’attention et laissent entrevoir son immense talent.
Une voix dans l’audiovisuel.
En 2003, Suzanne s’illustre sur les ondes de Radio Equinoxe avec des émissions telles que « Polémos » et « Livres Noirs et Musiques d’Afrique ». Elle rejoint ensuite Équinoxe Télévision en 2013, où elle anime l’émission « Vendredi Soir ». Toujours entreprenante, elle fonde sa propre société de production, EBK Productions, qui produit le magazine « Actu » diffusé sur Canal 2 International. Parallèlement, elle est chargée de la communication pour la direction générale d’Hysacam.
Reconnaissance et engagement
La reconnaissance de son expertise et de son intégrité professionnelle culmine avec sa nomination le 23 février 2013 comme membre du Conseil national de la communication par le Président Paul Biya. Cette nomination souligne l’importance de sa contribution au développement des médias au Cameroun. Suzanne a également publié plusieurs ouvrages, dont « Les Chroniques sous le manguier » en 2010 et « Supermarket » en 2012, en collaboration avec d’autres auteurs.
Une vie personnelle et artistique
En dehors du journalisme, Suzanne Kala Lobé était aussi chanteuse principale du groupe Djala Lilon et a participé à l’album « Ni Africa ni yoso » en hommage à Ruben Um Nyobe. Elle vivait en union libre avec Bea Man Wayack, son concubin, mais ils n’ont pas eu d’enfants. La perte de la maison de son enfance dans un incendie en 2020 fut un événement marquant de sa vie, ajoutant une touche de tragédie à son parcours déjà riche en défis et accomplissements.
Un héritage durable
Suzanne Kala Lobé a marqué son temps par son engagement en faveur d’un journalisme de qualité, son analyse fine de l’actualité et sa capacité à aborder des sujets complexes avec clarté et profondeur. Son approche équilibrée et son éthique professionnelle ont fait d’elle un modèle pour de nombreux jeunes journalistes au Cameroun et au-delà.
Sa mort laisse un vide immense dans le paysage médiatique, mais son héritage continue d’inspirer la nouvelle génération de professionnels des médias.
En ces moments de deuil, nos pensées vont à sa famille, ses proches et ses collègues. Que l’œuvre de Suzanne Kala Lobé continue d’éclairer le chemin des professionnels des médias, perpétuant ainsi son engagement pour un journalisme de qualité au service de la société camerounaise.
Je garderai le souvenir, étudiant à Paris, dans les années 1980-1985, de nos rencontres dans les bibliothèques « Cujas » de l’Université Paris Sorbonne-Panthéon et de nos débats enfiévrés sur la politique.
Parfois chez des amis communs, certains ayant déjà rejoint la félicité et d’autres encore vivants qui se reconnaîtront sans doute à la lecture de cet hommage.
Engagée, défendant corps et âme ses convictions, avec une verve digne de son père.
Cette vie, riche et variée, témoigne de l’impact durable de Suzanne Kala Lobé sur le journalisme camerounais. De ses débuts prometteurs à sa consécration en tant que membre du Conseil national de la communication, son parcours exemplaire inspire et continuera d’influencer les générations futures.
Son dévouement à la profession, sa passion pour l’information et son intégrité resteront gravés dans la mémoire collective de ceux qui ont eu le privilège de croiser son chemin. Au revoir, Suzanne Kala Lobé, et merci pour ta contribution inestimable à notre monde.