ADIEU ISSA HAYATOU, LE VISIONNAIRE DU FOOTBALL AFRICAIN

Issa Hayatou, né le 9 août 1946 à Garoua, Cameroun, est une figure incontournable du football africain et mondial. Son nom est étroitement lié à l’essor et à la reconnaissance internationale du football sur le continent africain.

À la veille de son 78e anniversaire, le 8 août 2024, il a quitté ce monde, après ses frères Ahmadou Hayatou(ancien Secrétaire Général à l’Assemblée Nationale), Sadou Hayatou (ancien Premier Ministre), Alim Hayatou (ancien Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la Sante Publique, chargé de la lutte contre les Epidémies et les Pandémies), Dahirou Hayatou, laissant derrière lui un héritage riche, complexe, et parfois controversé.

Un parcours de sportif à dirigeant.

Issa Hayatou issu de la grande famille royale de Garoua, n’était pas simplement un homme de football; il était d’abord un athlète. Champion du Cameroun du 400 et du 800 mètres entre 1964 et 1971, il a également été sélectionné dans l’équipe nationale d’athlétisme pour les Jeux africains de 1965 à Brazzaville. Sa passion pour le sport ne s’arrêtait pas à l’athlétisme, puisqu’il a également joué dans l’équipe nationale de basket-ball et dans l’équipe de football universitaire.

Sa carrière de dirigeant commence au Cameroun, où il occupe divers postes de responsabilité, allant de secrétaire général de la Fédération camerounaise de football (1974-1983) à directeur des sports au ministère de la Jeunesse et des Sports (1982-1986). Ensuite, il devient en 1984 vice-président de la Fédération camerounaise de football, et finit président de la Fecafoot deux ans plus tard, en même temps qu’il est membre du comité exécutif de la Confédération africaine de football. En 1988, il accède à la présidence de la Confédération Africaine de Football (CAF), une position qu’il conservera jusqu’en 2017, devenant ainsi l’un des plus longs mandats à la tête d’une organisation sportive internationale.

L’essor du football africain sous sa présidence.

Sous la direction d’Issa Hayatou, le football africain a connu des avancées significatives. Parmi ses réalisations les plus marquantes figure l’augmentation du nombre de places réservées aux équipes africaines dans la Coupe du Monde de la FIFA. Avant son mandat, seules deux équipes africaines pouvaient participer à la compétition mondiale; grâce à ses efforts, ce nombre a été porté à cinq, offrant ainsi à des nations comme le Cameroun en 1990 ou le Sénégal en 2002 l’opportunité de briller sur la scène mondiale.

Mais son impact ne s’arrête pas là. Hayatou a joué un rôle crucial dans l’organisation de la première Coupe du Monde sur le sol africain, en 2010 en Afrique du Sud. Cet événement a non seulement mis en lumière le potentiel du football africain, mais il a également renforcé l’idée que l’Afrique était prête à accueillir les plus grands événements sportifs mondiaux.

Sous son leadership, la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) s’est transformée et a grandi en importance. Le tournoi est passé de huit à seize équipes, devenant une compétition majeure du calendrier footballistique mondial.

De plus, la CAF a vu naître et se développer des compétitions de clubs comme la Ligue des Champions de la CAF, offrant une plateforme aux clubs africains pour se mesurer aux meilleurs sur le continent.

Un héritage entaché par des controverses.

Cependant, le règne d’Issa Hayatou n’a pas été exempt de critiques. Au cours de ses près de trois décennies à la tête de la CAF, il a fait face à des accusations de corruption, notamment concernant la gestion des droits de diffusion télévisuelle. En 2021, il fut suspendu pour un an de toute activité liée au football par la FIFA, pour manquement à son « devoir de loyauté » dans la signature d’un contrat avec Lagardère Sports. Bien que blanchi par le Tribunal Arbitral du Sport, cette affaire a terni son image.

De plus, sa gestion autoritaire de la CAF a souvent été critiquée. Son maintien au pouvoir a été marqué par des manœuvres politiques visant à écarter ses adversaires, ce qui a suscité des tensions au sein du football africain.

Un bilan contrarié mais marquant.

Malgré ces zones d’ombre, il est indéniable qu’Issa Hayatou a marqué de son empreinte le football africain. Son travail a permis au continent de gagner en reconnaissance sur la scène mondiale, et son rôle dans l’augmentation du nombre de places africaines en Coupe du Monde ainsi que l’organisation de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud sont des réalisations qui resteront gravées dans l’histoire.

En ce jour de deuil, alors que nous pleurons la perte d’un leader, nous devons également reconnaître les progrès accomplis sous son leadership. Issa Hayatou a su, malgré les critiques, propulser le football africain vers de nouveaux sommets, ouvrant la voie pour que les générations futures puissent continuer à bâtir sur cet héritage.

Puisse-t-il reposer en paix, sachant que le football africain lui doit une grande partie de son prestige actuel.

Auteur : @Adrien Macaire Lemdja

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