L’UNION AFRICAINE À L’ÉPREUVE DE NOUVEAUX DÉFIS

« Avec l’approbation de tous, je demande au chef de l’Union africaine de prendre place en tant que membre permanent du G20 », a déclaré, sous des applaudissements nourris, le Premier ministre indien Narendra Modi, dont le pays préside cette année l’instance rassemblant les « plus grandes économies développées et émergentes » de la planète.

L’Union africaine est une organisation continentale comprenant 55 membres (y compris le Sahara occidental), qui a succédé à la défunte Organisation de l’Unité africaine en 2002, dans la perspective d’une solidarité accrue et d’une intégration poussée des États membres comme facteurs de croissance économique et de développement multiforme.

ORGANISATION INTERGOUVERNEMENTALE

Les missions de l’organisation siégeant à Addis-Abeba sont exercées par le biais d’organes décisionnels, dont la Commission de l’Union africaine qui en assure les activités quotidiennes. Les fonctions de secrétariat de cette Commission consistent notamment à représenter et à défendre les intérêts de l’organisation intergouvernementale (OIG), tout en coordonnant les positions des États dans les négociations internationales.

Avant la décision de New Delhi, qui tend vers l’équité et l’inclusivité, les membres du G20 représentaient environ 85% du produit intérieur brut (PIB) mondial, 75% du commerce international et 67% de la population du globe terrestre. Afin que la participation de l’Union africaine (UA), à côté de la République sud-africaine déjà membre permanent, soit porteuse de signification, il importe que les pays africains s’engagent pleinement et rigoureusement dans cette instance internationale où se discutent des réponses aux défis économiques majeurs du monde.

PRISE DE DÉCISION COLLECTIVE

Prenons le cas de l’Union européenne (UE), qui est également membre du G20, en compagnie de pays comme la France, l’Allemagne et l’Italie. Les États membres ont accepté de transférer une partie de leurs prérogatives souveraines à l’Union politico-économique sui generis, qui a adopté un ensemble de textes régissant les modalités de la prise de décision collective, éventuellement au moyen du vote. Le cas de l’UE ne serait-il pas instructif pour l’UA, souvent soupçonnée d’immobilisme ?

Avec un PIB global approchant celui de la France, l’UA devrait s’évertuer à construire progressivement un pouvoir réel de coaction, requérant des innovations substantielles dans son fonctionnement et la répartition des responsabilités en son sein. Peut-elle, par exemple, continuer de défendre la règle du consensus qui exclut le vote dans le processus décisionnel ?

CONTRIBUTION ACTIVE

Comme acteur international, elle gagnerait plutôt à modifier sa culture politique inféconde et à instituer des procédures autorisant la Commission à prendre, avec des coudées plus franches, des initiatives sur les affaires communes. Dans la même veine, le vote à la majorité qualifiée permettrait de minimiser certains égoïsmes nationaux et de protéger les pays moins puissants par rapport aux mastodontes régionaux.

Il n’en reste pas moins que la contribution active de l’OIG à la gouvernance internationale est tributaire des budgets annuels que les États membres sont disposés à accorder à la Commission de l’Union africaine, ne serait-ce que pour réunir les compétences humaines et les ressources nécessaires à un management éminemment stratégique.

MEDIAPART (SAM. 9 SEPT. 2023 )

Par le Professeur Alain BOUTAT

Épidémiologiste,

Économiste et Politiste

Lausanne

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