SYMBOLES du mariage pour attirer le bonheur
Choisir une compagne pour la vie et décider de prendre à témoin la société est pour le couple en formation une démarche importante. Les sociétés la codifient en fonction de leurs cultures respectives, et lui donnent ou pas une signification particulière, en plus de son retentissement social. Au sein de ces traditions spécifiques liées au mariage, la notion des “quatre éléments porte-bonheur” apparaît souvent lors des préparatifs, et revêt une originalité certaine. Quel sens revêt aujourd’hui cette évocation des quatre éléments ? D’où tire-t-elle son origine ? Quelle en est la pertinence ?
Les quatre éléments porte-bonheur du mariage.
Pour Wikipedia, la bibliothèque de nos jours la plus consultée, “ la mariée doit avoir en sa possession quatre éléments au moment de se marier : un accessoire ancien, un emprunté, un neuf et un bleu.” Le Mag du mariage qui s’est certainement abreuvé à cette source complète l’explication.
« L’objet neuf », justifie-t- il, est le symbole de la nouvelle vie dans laquelle entrent les mariés, une vie rêvée de réussites. Ce sera ce jour-là, un bijou, une robe, ou des chaussures. « L’objet ancien » symbolise dans cet univers, l’ancienne vie de la mariée, sa famille d’origine dont elle est appelée à se séparer pour en intégrer une nouvelle. Le choix se porte souvent sur un bijou de famille, la robe de la mère, une broche, des gants. « L’objet emprunté » symbolise la chance, le porte bonheur du couple : un mouchoir, un bracelet, etc. « L’objet bleu » est le symbole de la fidélité et de la pureté du couple.
Effet de mode ou tradition ?
Selon ce magazine, “ cette tradition est apparue pour la première fois en Angleterre au XIXème siècle. A l’époque, ces objets étaient considérés comme des porte-bonheurs destinés à chasser la malchance et à protéger contre les oiseaux de mauvais augure. Cette coutume s’est peu à peu propagée aux Etats-Unis avant d’atteindre la France et les autres pays du (soi-disant, ndlr) ‘vieux continent’…”
Il faut revenir en Afrique, le légitime Vieux continent, pour sortir de ces rêveries et de ces approximations puériles. Danielle Engolo est une journaliste camerounaise qui s’est penchée dans un article sur les étapes qui précèdent la célébration du mariage chez les Bassas, une tribu du Cameroun. Son article s’intitule ‘La dot à double sens chez les Bassa’. Elle y aborde la question des quatre éléments, d’abord en la situant dans le cadre d’un échange de produits que constitue la dot, et en l’extirpant ensuite, d’un univers quasi ésotérique. Elle affirme avec autorité au sujet des produits que s’échangent les deux familles, mais dont la fourniture revient en premier lieu au mari (bœuf, morue, allumettes, pagne, vin de palme, noix de cola, rhum, whisky, riz, sel, barre de fer, barre de cuivre, tabac, ignames, plantain…) que : ” ceux-ci ne sont pas choisis au hasard et se répartissent en matières animales, végétales, minérales. On y trouve également les différents états de la matière : solide, liquide, gazeux… Sans oublier qu’ils répondent également aux quatre éléments de la nature : terre, eau, air, feu. A travers la dot, il s’agit pour ce peuple de ‘reconstituer la matière, le vivant, puisque le mariage est la naissance d’un nouvel être constitué d’une moitié-homme et d’une moitié-femme’.”
S’il apparaît clairement que l’union entre un homme et une femme pour ce peuple de la forêt vise d’abord à fonder une famille à travers la procréation, elle n’en revêt pas moins une dimension ésotérique au vu du contenu désormais attribué aux quatre éléments. Surtout, cette explication atteste incontestablement l’origine africaine de cette notion qui s’inscrit dans un échange symbolique ; mais, la véritable justification s’est perdue à travers le temps et l’espace, sauf à considérer que l’auteur de l’article du Magazine du mariage ait fait le choix délibéré de faire rêver ses lecteurs et ses lectrices au lieu de les instruire.
Quoiqu’il en soit, on est bien loin des considérations aériennes de porte-bonheur et autres affirmations du même acabit, à travers lesquelles l’Occident entraîne l’humanité dans un monde de superficialités où les hommes et les femmes se satisfont d’explications approximatives sur les évènements de leur vie qui mériteraient bien davantage de sens.
Ndombol MINYEM.
2 https://albayane.press.ma/la-dot-a-double-sens-chez-les-bassa.html 1 https://www.lemagdumariage.com/dossier-32-explications-elements-porte-bonheur-mariage-vieux-ne uf-prete-bleu.html